Les films de Monique Renault
Cycle sur la réalisatrice - Centre Georges Pompidou - 15 Mai 20h
Chaque mois apporte son lot de découvertes et de projections animées toujours intéressantes. J'ai pu ainsi découvrir le travail de Monique Renault, dont j'avais vu très peu de films, grâce au cycle que la BPI lui consacrait. Je n'ai pu faire qu'une seule séance, mais quelle séance!
Cette personnalité atypique du cinéma d’animation a été remarquée en 1972, lorsque son film Psychoderche passe en première partie de La Grande bouffe. Après ce premier succès public, Monique poursuit ses travaux avec le cinéaste Peter Földes et l'atelier AAA du créateur des Shadoks, Jacques Rouxel, sans trouver d'aides publiques pour faire ses propres projets indépendants, jugés trop engagés, trop féministes, trop antimilitaristes, trop anticléricaux... L'aide, le respect et la compréhension, c’est aux Pays-Bas qu’elle les reçoit où elle émigre après un détour par la Suisse. Dans cette seconde patrie, elle réalise l'essentiel de sa filmographie, soit près d'une vingtaine de courts métrages et de films de commande, ainsi que plusieurs films d'ateliers avec des enfants.
La BPI a une nouvelle fois très bien fait les choses en éditant un petit catalogue gratuit et très agréable sur les séances (5 au total, dont ses films d'ateliers et une carte blanche) et en commanditant une bande-annonce sur l'évènement, réalisé par Monique et Anne Viel, et qui nous donne un très bon aperçu du travail de l'artiste.
J'ai donc pu voir pas moins de 14 court-métrage de Monique Renault pendant cette soirée... et j'ai été enchantée! Dès Psychoderche, le ton est donné. Une femme se verni les pieds avant de mettre un bon coup de pied au cul d'un homme, le tout en 1mn30. A la vôtre reprend la même histoire en 30s de plus et montre une géante jouant avec un mini superman... Féministes, mais aussi anti-militaristes et anti-cléricaux, les films s'enchainent et la technique évolue. D'abord sur cellulo, les dessins s'animent ensuite sur papier au crayon de couleur, avec un dynamisme saisissant et un sens de la caricature, comme dans le célèbre Pas à deux dans lequel des couples de personnages célèbres se font et se défont sur plusieurs danses emblématiques.
Les films sont très souvent courts, percutants. Une alliance sur une main symbolisant le mariage puis la séparation (L'alliance - 2mn05). Le discours officiel de l'Eglise sur les femmes à travers les siècles (In nomine domini - 4mn). Une chanson contre les armes nucléaires (Weg Ermee! Dehors - 2mn30). Un seul dépasse les 10 minutes et mélange dessins et photos. Blijf van mijn lifj (Bas les pattes) est un message émouvant conçu pour accompagner les débats dans le cadre d'une campagne institutionnelle de sensibilisation au problème des femmes battues. Monique Renault a ainsi participé à de nombreux films de commandes pour la télé néerlandaise et disposait d'une heure par mois pour exprimer ses idées (comment ne pas l'envier?). Elle a ainsi pu vivre de son Art, ce qui est très rare dans le domaine de l'animation d'auteur, et qui renforce sa particularité. Une de ses commande, souvent connue, est La Donna E Mobile extrait de L'opéra imaginaire qui fut à l'époque commandité par la 5e chaine.
Holy Smoke, son dernier court-métrage, rassemble les souvenirs d'une femme sur fond de cigarettes en traversant les différents styles (et époques) que Monique a pu utiliser lors de ses précédents films. Il clôt admirablement bien la séance, bien que l'on regrette que l'artiste ai arrêté de faire des films. Lors de la séance de questions-réponses, Monique demanda au public si ses films, empeignés du combat des femmes pour l'émancipation, n'étaient pas un peu datés. Ce sur quoi plusieurs personnes du public lui assurèrent que non, et qu'aujourd'hui encore tout était à refaire. Et Monique de rétorquer que c'était à nous, la jeune génération, de reprendre le relais. Elle pense aussi qu'avec internet il est maintenant plus facile de communiquer nos points de vue. C'est vrai, nous sommes libres d'écrire ce que l'on veux, de poster ce que l'on veux... Mais la visibilité via internet est particulière et le manque d'argent est toujours très présent. Continuer le combat de Monique, voilà tout de même un bien beau défi :)
Le site de Monique dans lequel vous pourrez voir des extraits de ses films
Merci à Mette Peters pour les photos
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